La puncture sèche kinésithérapique, ou Dry Needling, dans le traitement du Syndrome Myofascial Douloureux.

La puncture sèche kinésithérapique, ou Dry Needling, dans le traitement du Syndrome Myofascial Douloureux.

Le Syndrome Myofascial Douloureux (SMD) occupe une place importante dans les motifs de consultation en cabinet libéral de kinésithérapie et d’ostéopathie. Ils est souvent confondu avec d’autres affections comme, par exemple, la migraine, la névralgie cervico-brachiale ou la sciatalgie. Le diagnostic de SMD repose sur l’interrogatoire du patient, la palpation et des tests de force musculaire spécifiques.

Le SMD est une dysfonction musculo-squelettique régionale qui se caractérise principalement par une hypersensibilité, des douleurs locales et à distance, une faiblesse musculaire et des restrictions de mobilité. Il est en général associé à la présence de Points Trigger Myofasciaux (PTrM) qui sont situés au sein d’un cordon musculaire sensible à la palpation, orienté dans le sens des fibres musculaires, appelé cordon myalgique.

Le PTrM est un nodule palpable de moins d’un centimètre de diamètre, hypersensible à la pression et dont la stimulation peut reproduire la symptomatologie du patient, permettant ainsi d’émettre une hypothèse diagnostique. D’autre part, lorsque le thérapeute l’étire ou le comprime, le PTrM peut provoquer une contraction soudaine et involontaire, souvent furtive, du cordon musculaire auquel le point appartient. Cette réaction de secousse musculaire localisée (RSML) est un signe pathognomonique, c’est à dire caractéristique, du PTrM.

Une autre caractéristique mal connue du monde médical, est qu’un PTrM peut être à l’origine d’une douleur référée. Celle-ci est une douleur sourde, profonde, diffuse et difficile à localiser précisément. Elle peut survenir plus ou moins à distance du PTrM. Les nombreuses similitudes entre les individus ont permis de répertorier et de cartographier ces zones de sensations référées (Travell et Simons, 1983), ce qui est une aide précieuse pour l’établissement du diagnostic.

Les causes d’apparition d’un PTrM sont : une surcharge aigüe ou chronique d’un muscle, une élongation ou un étirement chronique de celui-ci, un racourcissement musculaire chronique, un traumatisme direct ou une compression du muscle.

Une fois que les PTrM responsables, partiellement ou complètement, de la symptomatologie présentée par le patient, ont été identifiés et localisés, vient le choix des techniques de traitement. Parmi-celles ci, le Dry Needling possède une place de choix grâce à la précision, l’efficacité et la rapidité de son action. Il consiste en l’introduction d’une aiguille d’acupuncture dans le PTrM. La localisation et la profondeur du point à atteindre déterminent le calibre et la longueur de l’aiguille.

Le Dry Needling du PTrM entraîne en général une ou plusieurs RSML. Il a une action antalgique, de drainage anti-inflammatoire, entraîne une augmentation de la vascularisation intramusculaire et in-fine une amélioration de la qualité des tissus en souffrance.

Le Dry Needling suit un protocole précis. La durée de la puncture elle-même est assez courte, aux alentours d’un minute. Elle sera toujours suivie par un travail manuel, notamment un massage fonctionnel, qui consiste en des pressions rythmées du PTrM puncturé accompagnées d’étirements passifs ou actifs du muscle (massage fonctionnel).

Le Dry Needling exige une bonne connaissance de l’anatomie, notamment en raison des structures à éviter tels que la plèvre, le péritoine, les vaisseaux sanguins et les nerfs. Sa pratique est encadrée par la loi. Les kinésithérapeutes ont le droit de l’utiliser depuis 2017, sous réserve d’en avoir acquis la compétence par une formation reconnue.

Comme alternative au Dry Needling, le thérapeute peut choisir de traiter manuellement le PTrM à l’aide des techniques suivantes :

– les compressions rythmées et la mobilisations du PTrM

– le massage fonctionnel qui associe la compression du PTrM à un étirement passif ou actif du muscle

– le massage des zones d’insertion tendineuses

– des successions de contractions et relâchements du muscle (contracter-relâcher)

– les techniques de libération des différents plans de glissement musculaires et aponévrotiques : pressions manuelles, massage transversal des fibres musculaires, traits tirés et pressions dans les septums intermusculaires

– la normalisation cutanée et subcutanée : traits tirés, palper-rouler, vibrations …

– les techniques d’étirement musculaire.

NB : les éléments ayant servi à rédiger cet article sont tirés des ouvrages «  Dry Needling- Points Trigger Myofasciaux » et « Syndromes Myofasciaux Douloureux- Diagnostic et traitements manuels des Points Trigger Myofasciaux » de Jan De Laere et Véronique De Laere-Debelle (éditions ArtThéma) ainsi que de la formation de  Dry Needling dispensée par leur collaborateur, Christophe Lukat.